Certains d’entre vous ont connu Mme Renard, dernière institutrice de l’école de Lamolayrette, fermée en 1973.

Restait alors une seule école, dans le village de Flaugnac.

 

Une institutrice y assurait seule l’instruction des élèves de l’école maternelle au CM2 qui, pour la quasi-totalité, se retrouvaient au collège de Castelnau. Bien malin qui, en cette classe de 6ème pouvait déceler les enfants issus d’une classe primaire unique, de ceux qui venaient d’écoles qui disposaient d’une classe par cours. Cette remarque vaut encore aujourd’hui à l’égard de ceux qui condamnent les petites écoles au prétexte d’une éducation égale pour tous.

Démographie aidant, l’école, en 1989, ne comptait que 13 élèves. La réduction des effectifs figurait déjà dans les objectifs des ministères et l’inspectrice d’académie annonçait son intention de fermer notre école communale. Le maire (Mme Cataix) engageait alors un gros travail pour faire respecter la carte scolaire qui affecte les enfants de la commune à l’école de la commune. On retrouve encore aujourd’hui des prétextes au non respect de cette règle toujours en vigueur.

Ajoutée à cette action, la mobilisation des élus, des parents d’élèves, de la population a sensibilisé les médias, et, de manifestations en réunions, la concertation a abouti à la création du RPI Flaugnac/St Paul de Loubressac.
L’école était préservée !

A Flaugnac la maternelle et le CP, à St Paul le primaire à partir du CE1. Ce n’est qu’en 1992, que pour équilibrer les effectifs, l’école de St Paul a accueilli les CP.

La présence de la même institutrice, Mme Badoc depuis 2002, la satisfaction des parents d’élèves, l’éducation acquise par les enfants sont preuves de stabilité et attestent de la réussite de ces écoles rurales à classe unique.

Où en est-on du coté de la loi aujourd’hui ?

Pour y voir plus clair, mais combien il est difficile de décrypter les tenants et les aboutissants de cette nouvelle politique impulsée par le gouvernement de François Hollande. Tout commence avec le vote de la nouvelle loi d’orientation et de programmation pour la refonte de l’Ecole de la République. Loi publiée au journal officiel le 9 juillet 2013. Tout commence à partir de cette date : études, projets, perspectives et enfin les textes officiels.

Ce dispositif selon nos grands responsables part d’un bon sentiment et a pour but, simple, d’engager résolument le système éducatif sur la voie de la modernisation au service de la réussite de « tous » les élèves ; « elle vise (cette loi) a créer l’élévation du niveau scolaire de tous les jeunes enfants (écoles primaires et collèges surtout) et à lutter contre les inégalités ».

Ainsi a été redéfinie la carte de l’éducation prioritaire pour lutter (forcément) contre ces inégalités. De Zone d’Education Prioritaire (les ZEP) on passe à des Réseaux d’Education Prioritaire (REP). Une zone n’est pas un réseau… si vous voyez la subtilité d’une bascule d’une aire géographique, « la zone » à une aire plus malléable, « le réseau » ! Et ce dispositif a dû être de suite aménagé en tenant compte du terrain et de la réalité de chaque académie qui ont demandé très vite de la part de l’état et en fonction des études de terrain (nombre de réseaux prioritaires, nombre d’enfants en difficulté, niveau social moyen des parents -et oui ça compte encore - etc…) des moyens et des clauses spécifiques. « Sinon la grande partie des REP se situerait dans l’Académie de Créteil !! ».

Voilà les grands axes de la réforme. Mais concrètement ça veut dire quoi pour nous, pour nos écoles, pour notre école ???

Pour caricaturer on peut dire « et bien on va déshabiller Paul pour habiller Jacques » ! Il y a là beaucoup de vrai et ce malgré la promesse du gouvernement de créer 60 000 postes nouveaux dans l’Education Nationale. Dont 35 000 en 2015 (cf. déclaration dans la Dépêche du Midi du 17 décembre 2014 par notre Ministre de l’éducation Nationale)… et grâce à ce nouveau dispositif.

En fait, calquées sur la nouvelle politique de la ville, il y aura bien sûr des zones d’activités plus gourmandes que d’autres : en terme de moyens, de locaux, de maîtres des écoles… forcément puisqu’il y aura beaucoup plus d’élèves dans ce genre de zones géographiques : grandes villes, bien sûr mais également nouvelles communautés de communes, agglomérations urbaines etc.

En clair nos grandes villes ont besoin de beaucoup plus de moyens que nos campagnes : là le mot est lâché = la RURALITE.

Et ainsi quid de nos écoles rurales, mises sur l’échafaud et qui vont être réduites à la portion congrue ? Alimentant par leur suppression les besoins en postes des zones plus gourmandes.

Les chiffres sont là et l’inspecteur d’académie, que nous avons rencontré en octobre dernier, est très clair à ce sujet.

Donc les chiffres : « 62% des écoles du Lot sont à 1 ou 2 classes. Notre département conserve ainsi un taux d’encadrement très important et reste aujourd’hui, en 2014, au 3ème rang national (excusez du peu !) de la couverture en milieu scolaire avec 13,2 écoles pour 1000 habitants, après la Corrèze et la Creuse.

Ceci veut dire très clairement que massivement un regroupement pédagogique intercommunal… (c’est à dire nous avec Saint Paul de Loubressac) apparaît comme dispersé (de taille insuffisante), alors même qu’avec cette nouvelle loi, notre système éducatif gagnerait en efficience en se structurant habilement sous formes de groupements intercommunaux intégrés (établissements importants).

Ouf c’est dit et cela veut dire que toutes les écoles à 1 ou 2 classes, voir 3 classes (et c’est notre cas) devront disparaître et se fondre dans des écoles plus grandes. Eternel problème des « ratios », et qui a toujours existé : combien d’élèves pour un maître dans une école.

Sauf que la loi du 13 juillet 2013 a sensiblement changé la donne puisque ce ratio n’est plus calculé par rapport à un nombre d’élèves pour un maître, mais au pourcentage de tous les élèves dans un même regroupement pédagogique.

Concrètement notre classe maternelle est viable seule avec 29 élèves pour une maîtresse, cela devient moins évident pour les trois classes du Regroupement avec Saint Paul !

Bon voilà une première présentation, nous restons à votre disposition pour vous l’expliquer mieux : ce n’est pas facile d’y voir clair dans la complexité d’un tel dispositif, et nous avons tenté de vous simplifier un peu sa lecture afin de vous éclairer mieux.

Conclusion

Dans ce contexte le conseil municipal (séance du 4/12/2014) de Flaugnac a voté une motion pour la sauvegarde des écoles rurales, rédigée ainsi :

Suite aux différentes réunions animées par le DASEN et l’IEN dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, le conseil municipal : Considère qu’il est indispensable de préserver une école de proximité garante d’un enseignement de qualité ; Considère que l’école représente, en milieu rural, un lieu d’échanges entre générations, source de lien social ; Considère que l’école permet à la collectivité de créer et de pérenniser des emplois de personnels locaux ; Exprime son inquiétude induite par le nouveau maillage du territoire scolaire lotois qui, en supprimant des RPI fonctionnels, efficaces et viables, aura pour conséquence la fermeture à court terme des écoles rurales au profit de centres scolaires de plus grandes dimensions ; Souhaite attirer l’attention de la population et des instances de décision sur la fragilisation des territoires ruraux qui ne manquera pas de se produire en cas de disparition de nos écoles publiques rurales ; Réaffirme son attachement aux écoles des communes du territoire lotois ; S’engage à soutenir la présence et le maintien de ces écoles, aujourd’hui viables et vivantes, dont la suppression porterait atteinte à la qualité de la vie et des services publics en milieu rural.

L’enjeu est d’autant plus important que nous sommes à la veille d’un projet d’extension de l’école, le Maire, dans son édito, exprime le choix des élus, nous voulons garder l’école et ses élèves !

Claude Martinez – Jean-Bernard Sahuc
décembre 2014